jeudi 23 août 2012

Bienvenue chez les Law

4e de couverture: Si votre adolescence n'a été qu'un long combat orthodontaire ; si vous avez subi l'horreur fashion des années 80 ; si vous avez d'affreux souvenirs de Noëls en famille ; si vous avez participé, enfant, à des spectacles artistico-niais dans des maisons de retraite ; s'il vous reste quelques cicatrices de batailles fraternelles ; si, par hasard, vous avez vécu une rencontre aussi violente que sensuelle avec un diable de Tasmanie, ne cherchez plus, ce livre est pour vous !

En vingt-trois vignettes, Benjamin Law nous entraîne à la découverte de la plus excentrique, la plus irrésistible, la plus cruelle des familles : la sienne. Dans la lignée des oeuvres d'un David Sedaris, un ovni littéraire hilarant et grinçant qui nous donne à voir une Australie fort éloignée des guides touristiques.


Souvent, les auteurs de premier roman s'inspirent de leur vie pour broder le canevas de leur premier roman. Le jeune Benjamin Law ne déroge pas à la règle puisqu'il nous entraîne dans ce premier roman dans les aventures rocambolesques de sa famille. Et quelle famille!  Entre une mère aimante mais aussi inquiète et disant ce qu'elle pense, un père souvent absent mais aimant sa famille à sa manière, des soeurs et un frère qui prennent pas mal d'espace, le jeune Benjamin à souvent du mal à trouver sa place. 

Benjamin Law nous ballade au gré de ses souvenirs, et nous donne une vision drôle et charmante d'une famille chinoise en Australie. Du voyage à Hong Kong pour aller rechercher les cendres de sa Poh-poh -sa grand-mère- qui se terminera par un petit tour à Disneyland où chacun des membres de la famille va imaginer Minnie débarquant à la Parade en criant au viol (je vous assure que ça vaut son pesant de cacahuètes et j'ai ri aux éclats en imaginant la scène) ou bien de la relation un peu chaotique qu'entretient Benjamin avec Andrew, son frère avec qui il partage une petite chambre et qui un soir qu'il avait sept ans va le "forcer" à regarder "Ça" (vous savez le téléfilm tiré du roman de Stephen King avec le Clown qui fout les jetons). Et voilà Benjamin qui fait des cauchemars où des clowns le pourchassent. 
Il parle également de la mort d'une manière poétique mais sans mâcher ses mots (il appelle souvent un chat un chat si vous voyez ce que je veux dire. Il ne s'embarrasse pas de métaphore) en disant que sa mère parlait souvent de sa mort prochaine (qui n'est pas encore arrivé bien évidemment), mais aussi des grossesses successives de sa mère. Et là, je peux vous dire que cela peut choquer certaines personnes car Mrs Law a son franc-parler et explique la grossesse à ses filles de manière à les dégouter d'avoir des enfants. Moi cela me faisait plutôt rire même si parfois les images que mon cerveau fabriquait étaient des plus ragoutantes. 
Benjamin Law nous parle également de son homosexualité, mais aussi de l'émigration de la famille de sa mère, de son apprentissage un peu hasardeux du cantonais qu'il n'a jamais bien su parler devenant progressivement tonalement sourd. Et tant d'autres choses. 

Voilà un "roman" drôle (j’ai beaucoup ri), touchant, choquant par instant, vivant: en un mot, jubilatoire. Le seul petit bémol (pour moi qui ne suis pas très friands de nouvelles), c'est que ce livre n'est pas forcément un roman mais plus un recueil de nouvelles. Le thème central du livre, c'est la famille Law qui fait le lien entre toutes les histoires mais celles ci ont un début et une fin sur un thème donné: "La grossesse", "L'homosexualité", "Les parcs d'attractions", "Le théâtre", "L'apprentissage d'une langue". Voilà pourquoi j'ai mis cinq jours pour le lire ( le fait que le travail ne me laissait pas beaucoup de temps y est aussi pour quelque chose): j'étais ravi de retrouver les membres de la famille Law mais j'avais du mal à enchainer les histoires comme dans un roman où on peut enchainer les chapitres pour savoir la suite. 

Cependant, Benjamin Law a trouvé la solution la plus logique et la plus naturelle de raconter l'histoire de sa famille: il laisse les souvenirs venir à lui de manière aléatoire au gré d'un mot, d'un thème et non de manière chronologique. (J'ai toujours trouvé étrange les romans autobiographiques qui commencent par la naissance et enchainent les années chronologiquement). Ce qui fait qu'on se ballade de l'enfance à l'adolescence jusqu'à l'âge adulte au gré des souvenirs évoqués par un mot comme les parcs d'attractions ou "les camps de vacances" consacrés à Dieu (cette histoire aussi vaut son pesant de cacahuètes tellement c'est hallucinant. Tellement hallucinant qu'on se demande si l'auteur n'a pas inventer tout ça) ou les Noëls en famille. Puis l'avantage de ce procédé, c'est qu'on peut lire ou relire les histoires dans l'ordre qu'on veut. 

En bref, un roman jubilatoire, extravagant, drôle mais également touchant, écrit d'une plume sincère, qui nous raconte l'histoire d'une famille chinoise à travers les yeux d'un garçon gay, souvent gaffeur qui rend un vibrant hommage à sa famille excentrique. Rendre une petite visite aux Law, c'est se retrouver dans une famille pas si éloignée de la nôtre: les souvenirs de Benjamin font échos aux nôtres et nous font entrouvrir notre propre mémoire. Au final, je me suis dit que Benjamin, c'était un peu moi par certains côtés. 

Merci à Brigitte des Editions Belfond de m'avoir permis de faire la connaissance de la famille Law. 

Benjamin Law: Les lois de la famille (The Family Law), Éditions Belfond, 260 pages, 2012

 














2 commentaires:

  1. Complètement d'accord avec toi ! Qu'est-ce que j'ai ri, mais qu'est-ce que c'était cra-cra dans certains passages XD Ah! la scène de la chasse aux cafards dans la cuisine, j'adore !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est sûr qu'il n'y va pas avec le dos de la cuillère dans certains passages mais l'humour rattrape tout ça. Ravi que tu ai aimé.

      Supprimer