dimanche 6 janvier 2013

La parenthèse des voyages en train

4e de couverture: Le train de 06h41, départ Troyes, arrivée Paris. Bondé, comme tous les lundis matins. Cécile Duffaut, 47 ans, revient d’un week-end épuisant chez ses parents. Elle a hâte de retrouver son mari, sa fille et sa situation de chef-d’entreprise. La place à côté d’elle est libre. S’y installe, après une légère hésitation, Philippe Leduc. Cécile et lui ont été amants vingt-sept ans auparavant, pendant quelques mois. Cela s’est très mal passé. A leur insu, cette histoire avortée et désagréable a profondément modifié leurs chemins respectifs. Tandis que le train roule vers Paris et que le silence s’installe, les images remontent. Ils ont une heure et demie pour décider de ce qui les attend.

C'est devenu récurrent depuis son précédent roman: dès que j'ai en ma possession le dernier roman de M. Blondel, je le lis dans la foulée, en quelques petites heures.
Avec ce roman, l'auteur tourne une nouvelle page de son oeuvre: après deux romans autobiographiques, G229 et l'intimiste Et rester vivant, il retrouve la fiction en nous parlant de ces deux personnes Cécile Duffaut et Philippe Leduc qui se croisent lors d'un voyage en train, eux qui se sont connus il y a 27 ans. 
Je dois vous dire que j'ai été légèrement "déçu" au début de ma lecture. "Et rester vivant" m'avait tellement marqué par sa profondeur et sa force que les destins de Cécile et Philippe m'étaient impersonnel. Il a alors fallu faire abstraction de mes souvenirs de son précédent roman pour enfin découvrir deux destins écorchés, mais fabuleux car touchant.  
Jean-Philippe Blondel a pris un sujet et un thème que tout le monde-du moins tout ceux qui prennent le train- ont rêvé d'imaginer un jour. Qui n'a jamais eu envie de connaitre la vie de gens croisés lors d'un voyage en train?  Pendant une heure ou deux, nous vivons dans une bulle où chacun essaye de savoir quelle vie mène la personne assis à côté de lui, on perçoit des bribes de conversations, des tranches de vies qu'on essaye d'imaginer en dehors de ce train.
Encore une fois, le "je" employé dans le roman m'a ravi. Ce "je" fait la force des romans de Jean-Philippe Blondel. C'est ce qui rend les personnages plus proches de nous. On s'y attache, on fait corps avec eux. Ces deux monologues intérieurs qui s'entrecroisent nous fait nous impliquer émotionnellement avec Cécile et Philippe. Quand ces deux là se croisent dans le train, c'est tous leurs souvenirs communs et séparés qui refont surface lors de ce voyage d1h30.
J'ai compris la dureté de Cécile envers Philippe et son combat pour reprendre sa vie en main après ce qui s'était passé à Londres. J'ai été moins touché par la "déchéance" de Philippe, me disant, "t'as récolté ce que tu as semé, mon gars". Puis il y a Mathieu, personnage fugace, qui arrive au gré des souvenirs de chacun. Voilà le personnage qui m'a le plus marqué: certes, il ne fait que passer mais il laisse une marque indélébile. J'ai même cru que par son intermédiaire involontaire, Cécile allait enfin pardonner à Philippe ce qui s'est passé il y a 27 ans. Malheureusement, je ne pourrais que l'imaginer.
Car,là où le bas blesse avec ce roman, c'est qu'il m'a laissé sur ma faim. J'ai l'habitude des romans courts avec mon auteur chouchou et j'en ai pris mon parti. Sauf que la frustration que l'histoire s'arrête sur le quai de cette gare et de ne pas savoir ce qu'il va advenir de Cécile et Philippe est encore plus forte que d'habitude. J'en aurai voulu un petit peu plus.

Oui, mais voilà, un voyage en train débute sur le quai d'une gare et finit sur le quai d'une autre. Le temps d'un voyage ferroviaire, nous avons suivi les passés et les pensées de Cécile et Philippe, deux personnes que nous avons croisées dans le train Troyes-Paris de 6h41, et comme tout voyage en train, nous devons reprendre chacun notre vie et laisser les autres voyageurs suivre leur propre  route. Peut être un jour les recroiserons nous lors d'un prochain voyage et nous reprendrons le cours de leur récit pour savoir ce qu'ils sont devenus.


Jean-Philippe Blondel: 6h41, Buchet Chastel, 232 pages, 2013





6 commentaires:

  1. Je n aime pas trop ce genre de fin ouverte ou il faut imagner...je le lirai p.etre en poche

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Moi non plus je ne suis pas trop pour les fins ouvertes. Mis à part ce petit détail, le roman vaut le coup d'être découvert.

      Supprimer
  2. alala je ne savais pas qu'il en avait sorti un nouveau, tu penses bien que je veux le lire aussi! Je viens de terminer Un minuscule inventaire, j'ai essayé de le faire durer un maximum tellement il m'a plu!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je n'étais pas au courant non plus. C'est en le voyant à la librairie que j'ai sauté dessus et que je l'ai pratiquement lu dans la foulée.
      "Un minuscule inventaire" était mon premier Blondel. J'ai également voulu le faire durer un maximum sauf que je l'ai dévorer en une après-midi. C'est terrible. Hâte de savoir ce que tu en a pensé. Mais tu as dû adorer vu ta réaction.

      Supprimer
  3. Oh ba oui, du coup c'est ce que je trouve le plus difficile à exprimer à chaque fois parce que c'est finalement vachement basé sur le ressenti, ça prend aux tripes point. ^^

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Tout a fait d'accord avec toi. C'est pourquoi j'ai toujours un petit peu de mal à trouver les mots pour parler d'un roman de Blondel. De plus, plus j'en lis, plus j'ai peur de la redite en écrivant un billet car je suis très rarement déçu par ses romans.

      Supprimer