dimanche 6 juillet 2014

La dactylographe de Mr James

4e de couverture: Frieda Wroth rêve de devenir écrivain. Jeune diplômée, elle devient la dactylographe personnelle de Henry James. Romans, correspondance privée : Frieda retranscrit chaque mot dicté entre de longs silences… Si peu pour son ambition ! Quand le beau Morton Fullerton, ami de Mr James, s’immisce dans leur quotidien studieux, Frieda, sage mais audacieuse, quitte sa vie rangée et découvre l’art de la duperie.


J'ai connu l'écriture de Michiel Heyns avec son premier roman Jours d'enfance, que j'avais beaucoup apprécié. 

Ce fut un vrai plaisir de retrouver son écriture, même si j'ai trouvé celle ci différente de son premier roman. Il se dégage un côté anglais dans l'écriture de Michiel Heyns, une sorte de raffinement qui se marie bien avec la campagne anglaise. Car oui, ce roman ne se déroule pas en Afrique du Sud mais en Angleterre chez un certain Mr James. 
Le Mr James en question n'est autre que le fameux écrivain Henry James. Je trouve toujours intéressant quand un roman nous propose comme personnages des personnes ayant existé et plus particulièrement des écrivains. L'auteur nous embarque dans l'univers de celui ci et nous montre son travail et son environnement. Ce roman ne déroge pas à la règle et ce fut intéressant de découvrir qui était Henry James et comment il "travaillait" ses romans. 
Mais, comme l'indique le titre, le héros de ce roman n'est pas Mr James, mais sa dactylographe, Frieda: une jeune femme indépendante qui cherche du piment dans sa vie et qui va prendre cette chance de travailler pour Mr James comme une ascension sociale, Sauf qu'elle va vite déchanter et trouver sa vie bien ennuyeuse en ne tapant que sous la dictée de Mr James, les romans qui émerge de son cerveau. Pourtant, un jour, un certain Mr Fullerton débarque à Rye, chez le célèbre écrivain et va chambouler la vie de la jeune dactylographe. 

Pour être honnête, je ressors mitigé de ce roman. J'ai trouvé les passages sur Mr James très intéressant, j'ai aimé retrouvé l'ambiance anglaise qui me plait tant dans les romans anglais, j'ai trouvé l'écriture de Michiel Heyns par moment très sophistiqué, retrouvant une écriture très début XXe siècle, comme pour se fondre dans celle de James (il faut d'ailleurs saluer la traduction de Françoise Adlestain qui a réussit à retranscrire cette ambiance et cette écriture). J'ai été captivé par les rapports entre Mr Fullerton et Frieda, trouvant le fil rouge (la recherche des lettres de Fullerton et leur subtilisation par Frieda pour éviter un scandale à la Wilde si ces lettres étaient divulguées au public après la mort de l'écrivain) captivant. 
Cependant, j'ai été décontenancé et n'ai pas du tout adhéré au côté spirite du roman (les conversations télépathiques entre Mr Fullerton et Frieda, via la Remington de cette dernière, me semblaient trop farfelues et ne me semblaient pas crédible pour deux sous (pourtant, Michiel Heyns ne s'est pas trompé en les incluant dans le roman puisque c'était la mode du spîritisme à l'époque). Alors que dire de la "conversation spirituelle" entre Frieda et la soeur de Mr James, par delà la mort. Non vraiment, cela m'a semblé tiré par les cheveux et cassait le côté réaliste et historique du roman. 
L'autre point qui m'a décontenance fut le portrait que dresse l'auteur d'Edith Wharton: il est vraiment négatif et sans appel: cette femme, héritière, oisive, envahissante et qui s'accapare l'attention de Mr Fullerton et l'hospitalité de Mr James, ne m'a pas vraiment donné une belle image de l'écrivain et ne m'a pas donné envie de me plonger dans ses romans (dont certains traînent dans ma PAL). Heureusement que dans sa note de fin, Michiel Heyns indique que le portrait qu'il fait d'Edith Wharton ne reflète pas la réalité. En même temps, je m'en doutais un peu car, j'avais bien remarqué que ce portrait peu glorieux de l'écrivain était fait par Frieda, elle même, qui voit en cette femme une "rivale".  J'ai donc été influencé par Frieda. 

Malgré ces petits points dérangeants de ma lecture, j'ai passé un moment agréable avec ce livre: il se dégage une lenteur et un passage des saisons très plaisant et qui nous laisse dans une langueur bienvenue. 

Au final, un roman qui sonne très anglais, intéressant du point de vue de Mr James et de son univers très bien retranscrit, qui flotte un peu au milieu, de par son côté ésotérique et spirituque qui m'a laissé sur le bord de la route, pour mieux rebondir par la suite, jusqu'à un final un peu déconcertant mais finalement cohérent avec l'intrigue du roman. 

Merci à Marie-Delphine et aux Editions Points pour ce joli voyage sur la côte anglaise. 


Michel Heyns: La dactylographe de Mr James, (the Typewriter's Tale), Points, 330 pages, 2012



2 commentaires:

  1. ça ne me tente pas du tout, et ton billet me conforte dans cette idée!

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    1. Les billets sont là aussi pour confirmer qu'un livre ne nous fait pas envie. Du même auteur, je te conseille son premier roman "Jours d'enfance", qui m'avait étonné.

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