vendredi 5 septembre 2014

Baton Rouge

4e de couverture: Baton Rouge, Louisiane, 230 000 habitants : la ville détient le triste record du crime, de la corruption, des trafics de toutes sortes. C'est là que débarque, à l'appel d'un juge, Kay Scarpetta, marquée par la mort de l'homme de sa vie, Benton. Sa mission : enquêter sur d'énigmatiques disparitions de femmes... Et, si c'était un piège ? Et si elle était loin d'en avoir fini, comme elle le croyait, avec les figures de cauchemar qui hantent sa mémoire - au premier rang desquelles les sinistres frères Chandonne ? Dans ce douzième thriller, où l'on retrouve autour de Scarpetta sa nièce Lucy et son collègue Pete Marino, Patricia Cornwell réserve à ses millions de lecteurs des frissons intenses et des surprises de taille !

Risques de spoilers sur les tomes précédents (puisqu'ils sont tous liés depuis le 4e tome de la série)

Voici donc le tome du changement. 
12e tome de la série "Scarpettta", Baton Rouge est très déstabilisant. (Je dois même dire que j'appréhendais de le lire, vu les avis sur ce tome) Il marque plusieurs changements que je vais évoquer plus loin...mais surtout, il marque apparemment, le début de la chute de la série. 

Pour tout vous dire, j'ai été déstabilisé au départ par le changement de narration. En effet, ce tome est le premier à ne pas être narré du point de vue de l'héroïne, Kay Scarpetta. C'est un peu déroutant de voir cette dernière devenir un personnage "lambda" de la série. Surtout, l'utilisation de la 3e personne du singulier rend l'héroïne très impersonnelle. (Cela se ressent également sur les autres personnages) J'ai alors perdu cette petite connexion que j'avais avec elle, n'arrivant plus à savoir ce qu'elle ressent intérieurement. 
En même temps, le passage au "il" (en l'occurrence, ici, au "elle") pouvait enfin éviter d'aller vite sur certaines situations et d'aller voir ce que pensent les autres personnages (et les meurtriers en particuliers. Meurtriers qui sont bien connu dans "Baton Rouge" puisqu'on les suit depuis 3 livres). Mais surtout, cela permet de dévoiler au lecteur un fait que Kay ignore. D'ailleurs ce fait, aurait pu sembler invraisemblable, mais ce "retour" ne m'a pas gêné. (Je dois trop regarder de soap-operas, qui sont coutumiers des "retours" invraisemblables. A force, j'arrive à trouver cela normal). 

Du moins, c'est ce que je pensais au début de ma lecture. Mais, en fait, je me pose une question, après avoir refermé le livre: qu'est ce qui s'est passé? 
Je n'ai pas retrouvé l'écriture des premiers romans (pourtant la traductrice Hélène Narbonne est encore là, puisque Andrea H. Japp ne prendra le flambeau qu'a partir de Signe Suspect): J'ai trouvé que l'histoire se traînait (même si elle m'a captivée par moments): quel intérêt de rester focaliser sur "l'affaire Caggiano" pendant plus de 300 pages (même si celle ci est entrecoupés de chapitres concernant les Chandonne et le "retour")? Surtout si c'est pour accélérer les événements dans les 100 dernières pages. (j'ai ainsi trouvé étrange que Scarpetta soit appelé sur une scène de crime à 40 pages de la fin. J'ai même regardé le numéro de la page que je lisais pour voir si je n'avais pas rêvé). 
Autre point qui me laisse perplexe: pourquoi nous faire miroiter une enquête se situant à Baton Rouge si c'est pour y arriver dans les 60 dernières pages du livre? Il y a un peu tromperie sur la marchandise. 

Mais surtout, là où le changement est très déstabilisant, c'est que Scarpetta, le personnage principal des romans de la série (il y a d'ailleurs écrit, sur la couverture, en dessous du titre: "Une enquête de Kay Scarpetta"), qui était omniprésent dans les tomes précédents (normal, elle en était la narratrice) se fait remarquer par son absence. Pendant les trois quart du roman, elle n'apparaît quasiment pas, laissant la place à Lucy, Marino, les Chandonne, "le retour", et ne faisant qu'une apparition plus conséquente vers la fin du roman. Comme si l'auteur en avait marre de narrer ses enquêtes (dans ces cas là, il vaut mieux savoir dire stop et passer à autre chose)

Ce changement est également déstabilisant car j'ai eu l'impression de ne pas retrouver les personnages que j'avais apprécié: Marino est de plus en plus grincheux, et commence à devenir une vraie loque, Lucy est devenue une super agente, sans quasi d'émotion et Scarpetta est de plus en plus froide. Un personnage de la fin du roman dit qu'il est devenu une machine. Eh bien, je crois que cela résume bien ce que je pense de tous les personnages. Ils sont devenues des machines, pour lequel le lecteur ne ressent plus ce qu'il avait apprécié chez eux. Ce sont des coquilles quasiment vide et cela est bien dommage. 

Au final, un tome qui m'a déstabilisé, même si j'ai passé quelquefois de bon moments avec lui, et dans lequel je ne retrouve pas ce qui m'avait plus. Surtout, j'ai trouvé que l'intrigue était longue à se mettre en place, avec une intrigue (l'affaire Caggiano) qui aurait pu être écourté, et une fin trop rapide et bâclée (j'avais trouvé que la fin de Dossier Benton avait été bâclée mais là, on atteint un record d’invraisemblance que cela en devient affligeant), mais surtout, elle laisse une porte ouverte à la "trilogie Chandonne". 
Autant j'avais été captivée par la trilogie "Temple Gault" (les tomes 4 à 6) (tellement que j'avais lu cette trilogie en 3 semaines), autant celle des "Frères Chandonne" me laisse un goût amer car trop bâclée, à tel point qu'on s'en désintéresse au fur et à mesure des tomes. 
Pourtant, je continuerai à lire la série "Scarpetta" (déjà car tous les autres tomes sont dans ma PAL). Maintenant que la page "Chandonne" est tournée, peut être que cela repartira du bon pied. 
L'espoir fait vivre.

Patricia Cornwell: Baton Rouge (Blow Fly), Le Livre de Poche, 606 pages, 2004. 



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