lundi 19 janvier 2015

La maison de Claudine

4e de couverture: Point de Claudine dans ce recueil de souvenirs. Et la maison est bien celle de Sido, la mère que Colette évoque dans ces pages pour la première fois et qu'elle désigne sous le vocable " ma mère ", n'osant pas encore la nommer. La maison où règne la mère, le village où elle exerce son emprise, l'univers de la petite Colette tient en ces lieux : " la maison sonore, sèche, craquante comme un pain chaud ; le village... Au-delà, tout est danger, tout est solitude ". " Les souvenirs d'enfance sont toujours difficiles à définir et à décrire. [...] Qu'y a-t-il au fond des plus beaux de tous, qui sont ceux de Mme Colette ? Vraiment rien. [...] nulle part d'événements, seulement un mot, une attitude, une situation, qui sont demeurés dans l'esprit de l'adulte comme symboles de son enfance. Ils devraient ne rien signifier pour nous, ne nous intéresser aucunement. Par la magie d'un art incomparable, ces souvenirs deviennent les nôtres " (Source Amazon: 4e de couverture de l'édition Fayard)

Je dois vous faire un aveu: je n'ai jamais lu Colette. Pourtant, un exemplaire du "Blé en herbe" s'est trouvé en ma possession, il y a longtemps. Du temps où j'avais encore les joues rouges et pleines de l'enfance. Mais je ne l'ai jamais ouvert. 

Cependant, Colette ne m'est pas inconnue: pour moi, elle aura toujours les traits de Marie Trintignant dans le téléfilm que  sa mère réalisa sur l'écrivain, (celui là même qu'elle tourna à Vilnius, lors de ce terrible drame qui lui coûta la vie). 
Mais aussi Colette restera toujours associé à Dalida et son fameux "Il venait d'avoir 18 ans". Dans cette chanson, qui raconte les amours d'un jeune homme et d'une femme qui a le double de son âge, "le blé en herbe" est évoqué, comme en écho à ce que vit cette femme esseulée. 
J'ai été très heureux quand France Loisirs pris la décision de consacrer un volume à certains romans de Colette dans sa collection "Grands Auteurs". Je pouvais ainsi découvrir la plume de cette grande auteure. 

C'est ainsi que j'ai commencé ma découverte par La maison de Claudine.  Je dois dire, avant toute chose, que j'ai été déstabilisé par le titre de ce recueil de souvenirs. Je pensais que ce livre était attaché à la série des "Claudine" que Willy, le premier mari de Colette publia sous son nom, mais apparemment, il n'en est rien, car, il n'y a point de Claudine dans ce recueil. 
Ce livre est en effet, un recueil de souvenirs d'enfance. L'auteure se livre sur son enfance perdue, dressant le portrait tendre, touchant et souvent juste de sa mère, Sido, de son père et de ses frères et soeurs. Mais surtout, la maison de ce petit village, qui va être le témoin des aventures de cette chère Gabrielle Colette. 

J'ai trouvé ce livre des plus charmants. La plume de Colette m'a emporté dans le pays de l'enfance, faisant venir à la bouche, un goût sucré et chaud de nostalgie. J'ai été bercé par les mots de Colette. Colette n'est pas une romancière (comme le dit Françoise Chandernagor dans sa préface "elle manque de souffle" (p.15) pour l'être): elle ne raconte pas une histoire à rebondissement. En revanche, c'est un très grand écrivain qui trouve sa force dans le récit, la nouvelle et le portrait. Elle nous trousse les portraits de ses proches et de ses animaux avec une justesse et un ton incroyable. Tellement qu'on se laisse embarquer:  on écoute la petite musique de ses mots qui se glissent dans notre oreille pour venir s'y nicher à jamais. J'ai trouvé que ces petits textes étaient de délicieux petits bonbons que l'on croque avec avidité pour ne pas en perdre l'essence. 

J'aurai toutefois un petit bémol: même si j'ai beaucoup apprécié les souvenirs d'enfance de Colette, mais aussi de sa fille surnommé "Bel Gazou", car n'oublions pas que c'est un livre sur l'enfance, j'ai été beaucoup moins réceptif aux chapitres qui concernaient les bêtes, même si j'ai trouvé admirable, la minutie de la description de ces petits animaux de compagnie. Mais je n'y ai pas trouvé mon compte (ce qui me fait peur car "La chatte", fait partie de ce volume consacré à Colette. Mais on verra bien le moment venu). 

Au final, j'ai été plus que ravi et agréablement enchanté de découvrir la plume de Colette, qui ouvre pour nous la plus belle boite au monde: celle des souvenirs d'enfance. Surtout, elle nous montre que le temps qui passe ne détruira jamais notre enfance: les souvenirs sont là, enfoui en nous: il suffit juste de temps en temps, pour les retrouver, d'ouvrir la porte de "La maison de Claudine", et se laisser porter par la plume délicate de cette chère Colette que je vous encourage à découvrir ou a retrouver. C''est un pur délice. 

Colette: La maison de Claudine, France Loisirs, 168 pages (p.15 à p.168), 2011 


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