mercredi 11 février 2015

Un hiver long et rude

4e de couverture: Des hivers rudes et immaculés du Canada au Londres frémissant des sixties, la destinée de trois membres d'une famille malmenée par les drames. Après Le Choix des Morrison, Mary Lawson signe un roman tout en finesse, plein de tendresse, de colère et d'amour.

Rien ne va plus chez les Cartwright. Alors qu'Emily s'apprête à donner naissance à son huitième enfant, qu'Edward, le père, cherche dans son bureau une échappatoire au chaos ambiant, que Tom, le fils aîné, s'enferme dans la dépression, Megan, fille unique de la fratrie et mère de substitution de chacun, décide de voler de ses propres ailes. À vingt et un ans, l'heure est venue pour la jeune fille de se libérer des siens. Adieu le Grand Nord canadien, bonjour le swinging London !

Pendant que Megan se cherche dans la Vieille Europe, les Cartwright, eux, tentent de survivre. Qui pour s'occuper du foyer, désormais ? Pour remplir le frigo ? Pour protéger Adam, quatre ans, et ses frères de la folie douce d'Emily, uniquement absorbée par son nourrisson et négligeant tout le reste ? Qui pour arracher Edward aux ruminations d'un passé qui le hante ?
Accablé par la culpabilité depuis le décès de son meilleur ami, Tom, brillant étudiant, renonce chaque jour un peu plus à ses rêves... Et si le moment était venu pour lui d'assumer son rôle d'aîné ?

Le silence qui étouffe les Cartwright peut-il être conjuré ? Et si le plus difficile, parfois, était l'espoir ?


Ce roman est un petit flocon doux qui va vous déchaîner le coeur. 
Dès que je l'ai commencé, je n'ai pas pu m'en détacher: il fallait que j'y revienne dès que j'avais 5 minutes. Mary Lawson nous emporte dans le Nord canadien à la rencontre d'une famille très attachante. Malgré son lot de problèmes, de non-dits, et d'irresponsabilités, on ne peut que les aimer, tous. De Megan, la fille de la famille qui quitte le foyer familial pour vivre sa vie en Angleterre, à Tom, l'aîné des enfants, qui vivote auprès des siens comme un fantôme depuis le suicide de son meilleur ami, en passant par Edward, le père, qui se renferme dans son bureau et qui ne s'occupe pas de ses huit enfants, à la mère, qui ne vit que pour son dernier né, délaissant ses autres enfants, laissant partir la maison à vau l'eau depuis que Megan est parti. 
Malgré le comportement irresponsable des parents, je n'ai pas pu leur en vouloir, même si par moments, j'étais révolté, devant leur attitude envers leurs enfants. En nous racontant leur histoire, Mary Lawson nous donne les clés pour savoir comment cette famille en est arrivé là. 

Trois personnages de cette famille sont mis en avant: Tom, Edward et Megan. L'auteur alterne les chapitres qui leur sont consacrés, passant de l'un à l'autre, utilisant tantôt le "il" ou "elle" (concernant Tom et Megan) ou le "je" pour les chapitres sur Edward. Cette utilisation du "je" est très futée de la part de l'auteur, car, ainsi, le lecteur se sent proche d'Edward et a du mal à le juger: oui, c'est un père irresponsable qui délaisse ses enfants mais en nous livrant son histoire et l'histoire de ses parents, le lecteur que je suis s'est vu surpris de le plaindre. Les passages à Struan sont les plus démoralisants et pesants, comme la neige qui paralyse le pays depuis des mois (et qui me conforte dans l'idée que j'aime beaucoup le Canada, mais je ne voudrais pas y vivre en période hivernale. C'est d'ailleurs une réflexion que fait l'un des personnages au couple qui veut installer un hôtel dans le petit village de Struan), mais qui sont contrebalancé par ses personnages tous attachants. Heureusement, pour respirer un peu, il y a les passages de Megan se déroulant en Angleterre, qui même si cela est difficile, sont une vraie bouffée d'air frais. 

D'une écriture douce et accessible, Mary Lawson nous immerge dans les pensées de cette famille déstructurée, laissé à elle même et qui vit dans les non-dits. Chacun se renferme dans sa bulle et ne veux surtout pas en sortir. La neige qui paralyse le pays, les isolent encore plus du monde mais aussi d'eux-même. Leur seul espoir de s'en sortir à traversé l'océan  et ils ne veulent faire aucun effort pour sortir de cette situation. Il est vrai que l'on se demande tout du long comment cela va finir. Y aura t'il une petite lueur d'espoir à la fin? Je vous laisse le découvrir. 
En tout cas, en tournant la dernière page, j'ai eu un petit pincement au coeur de les quitter, tous. J'ai aimé cette famille. J'ai vécu avec elle, dans la tourmente hivernale durant trois jours et j'en ressors comblé, mais c'est avec regret que j'ai refermé la porte de la maison des Cartwright. 

Au final, un roman fort bien mené, avec des personnages attachants, qui oscille entre présent et passé pour nous dévoiler un à un tous les non-dits de cette famille, faisant de nous un témoin privilégié de leur histoire. Si vous aimez les histoires de famille, les grands espaces du Nord Canadien, le Londres des Sixties (car j'ai oublié de dire que cela se déroulait à la fin des années 60), partez à la découverte de la famille Cartwright. Une famille comme tant d'autres, mais qui pendant quelques jours, sera la vôtre. 

Merci à Brigitte et aux  Editions Belfond pour cette merveilleuse découverte. 





Mary Lawson: Un hiver long et rude, (Road ends), Belfond, 418 pages, 2015



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