samedi 4 juillet 2015

Les Déviants

4e de couverture: Paris, France, 2022, Tyler et Alexandre vivent en couple depuis plusieurs années lorsque le Lord arrive au pouvoir. La France s’assombrit et bientôt l’Europe toute entière sombre dans un chaos indescriptible. « Les Déviants » sont fichés, interpellés, privés de leurs droits et petit à petit, on voit leur nombre diminuer. « Les Déviants » sont les hommes qui aiment les hommes, les femmes qui aiment les femmes… Ils sont devenus des cibles, des sous-hommes, et la traque a déjà commencé. Fuir est une possibilité, mais le secret que les deux jeunes hommes gardent dans leur cœur, les retient dans l’ancienne Ville Lumière… Prêts à tout pour le protéger, ils mettront leur vie en danger. Pour l’Amour, contre l’Injustice.

Le Projet de Westley Diguet, qui a abouti à ce roman, "Les Déviants" est, en soi, un projet à défendre. Quand, en plus, une partie des ventes du livre est reversé à l'association Le Refuge, je n'hésite pas à sauter le pas. (je ferai pareil pour une autre association, mais celle ci me tient particulièrement à coeur) Si on peut aider, tout en découvrant un auteur, et un roman, il n'y a pas à hésiter. 


Les Déviants a une résonance particulière avec la seconde guerre mondiale et le sort des juifs durant ce conflit (ici remplacé par les homosexuels, appelé des déviants). C'est un roman qui ne m'a pas laissé indifférent, loin de là. Avec une écriture sans fard, parfois brut de décoffrage, mais également rempli de poésie, Westley Diguet nous raconte une histoire d'amour magnifique, dans un contexte abominable. Ce roman sur le thème du "Et si", d'une certaine manière, donne à réfléchir. 
Certains pensaient qu'avec le mariage pour tous, la tolérance allait triompher;c'est malheureusement, le contraire qui s'est produit. On a vu une recrudescence de l'homophobie et certaines langues se sont déliées pour déversé leur haine sur les homosexuels qui n'avaient rien demandé. (Ce dont, je vous parle là, n'est pas de la fiction, c'est bien la réalité). 
Il n'est donc pas inconcevable que l'idée de Westley trouve un écho dans notre histoire (comme celle ci n'est parfois qu'un éternel recommencement). Mais, malgré son sujet parfois insoutenable (qui rappelle les heures sombres de la seconde guerre mondiale, dans ce qu'elle a de plus abject), allant de la traque des Déviants, jusqu'au camp de concentration, ou ceux ci sont enfermés, Westley nous parle simplement d'amour, et du combat de Tyler et Alex pour pouvoir vivre ensemble et garder leur secret (le plus beau qui soit) à l'abri du Lord et de sa cohorte de garde. 

J'ai été bouleversé devant cette histoire: Westley a réussi à m'émouvoir, (comme l'avait fait Ophélie Pemmarty avec Les Somnambules), à m'indigner aussi, devant le destin de ce couple. J'ai été ému, parfois aux larmes, me sentant impuissant, spectateur inactif, qui ne sait pas quoi faire pour les sortir de là. 
Westley démontre surtout, que l'amour n'a aucune barrière et qu'il peut frapper n'importe qui, sans distinction, se moquant des convenances et des préjugés: la preuve avec Tyler et Alexandre, qui avant de tomber amoureux l'un de l'autre n'avaient aucune attirance pour les garçons. C'est simplement l'amour qui les a réuni et cela ne se contrôle pas. 

En peu de pages, Westley réussit à mettre en place un univers fort, déstabilisant et le lecteur ne peut décrocher et est abasourdi par les événements qui s'enchaînent à une vitesse folle. Alors, bien sûr, il y a des élipses et quelques éléments (surtout à la fin) sont éludés, mais c'est normal et le but n'est pas d'avoir tous ces éléments en tête: l'essentiel est que l'idée principale soit menée jusqu'au bout...et c'est le cas. 

Voilà un roman qui me marquera longtemps, avec des personnages bien dessinés, et ayant une personnalité propre (ce qui n'est pas évident à mettre en place en si peu de pages): ce qui fait que je m'y suis beaucoup attaché. Une écriture forte et sans concession qui vous happe dès les premières phrases (a ce sens, le prologue est magistral et nous donne un aperçu vibrant de l'histoire qu'on va lire). Un roman qui fait écho à ce qui s'est passé, il y a plus de 70 ans (on a trop tendance à oublier que lors de cette guerre, les homosexuels étaient aussi traqués et enfermés dans les camps de concentration et devaient porter un triangle rose. Je vous recommande d'ailleurs le visionnage du  magnifique téléfilm Un amour à taire  avec Jeremie Renier, Bruno Todeschini, Catherine Jacob, Michel Jonasz et Nicolas Gob qui parle de ce sujet là),traité de manière très actuel. Mais surtout, c'est un beau message sur la tolérance et sur l'amour. 

N'oublions pas: l'amour n'a pas de barrière, de frontière, et c'est la plus belle chose au monde. Ne le détruisons pas, sinon, que nous restera t'il? 

Merci à Westley pour l'écriture de cette histoire d'amour poignante. Le roman, (publié à 150 exemplaires) est apparemment épuisé. Mais il me semblait important d'en parler, d'une part, parce que c'est un beau roman, et d'autre part, il est fait dans le but d'une belle action. 

Mais, n'hésitez pas à demander à Westley, des informations sur ce livre, s'il vous intéresse, sur sa page facebook ou sur son site. Sait on jamais. 

Pour ma part, j'ai découvert une belle histoire, bouleversante,et une belle plume que je serai ravi de retrouver dans un autre roman. Westley Diguet est un auteur que je vais continuer à suivre, surtout si ses autres histoires  sont  du même acabit que ses Déviants. 

Westley Diguet: Les Déviants, Westley Diguet éditions, 150 pages, 2015



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