jeudi 10 septembre 2015

Signe Suspect

4e de couverture: Le docteur Kay Scarpetta s’est installée en Floride. Elle a quitté la médecine légale institutionnelle pour l’expertise privée. Pourtant, elle va devoir revenir dans cette ville de Richmond qui lui a tourné le dos cinq ans plus tôt.
Sur place, des surprises désagréables l’attendent. La démolition de ses anciens bureaux est presque achevée ; le médecin-légiste expert qui lui a succédé est un parfait incompétent ; son ancien assistant en chef est plongé dans des problèmes personnels qu’il refuse d’aborder.
Privée de l’aide de Wesley et de sa nièce Lucy, Scarpetta se résout à élucider les causes du décès d’une adolescente de quatorze ans. Elle doit démêler l’écheveau des pistes, traquer des signes suspects afin de révéler une vérité qu’elle ne parviendra peut-être pas à tolérer.

Comme chaque année, voici le "Scarpetta" annuel. 
J'avais été déçu par "Baton Rouge" l'année dernière, le trouvant long et surtout impersonnel, du fait que l'on ai perdu le narrateur habituel des enquêtes de Scarpetta, Kay Scarpetta elle même. (en effet, les romans ne sont plus raconté de son point de vue). Mais surtout, Kay était quasi absente du roman (ce qui est un comble quand on sait que c'est elle le rôle principal de ces enquêtes). 

Alors, on ne va pas se mentir, la série Scarpetta n'a plus la saveur de ses débuts (les premiers romans sont tous géniaux, sans temps mort et avec des personnages atypiques), mais j'ai tout de même passé un bon moment avec ce 13e tome. Déjà, il m'a fallu moins de temps pour le lire que le précédent, enchaînant les pages à un rythme soutenu, qui montre mon intérêt pour le livre. 

En fait, je pense que je me suis fais à l'idée que les mises en place seront toujours longues dans les romans de Patricia Cornwell (cela l'était déjà dans les premiers, mais je trouve que de tome en tome, cette mise en place s'allonge de plus en plus) et qu'elle nous abreuvera de détails techniques interminables auxquelles je ne comprendrai pas tout. Mais c'est pas grave. Mais il est vrai qu'une centaine de pages pour entrer dans le vif du sujet, cela peut en décourager plus d'un. Je crois surtout que la série de Kay Scarpetta est devenue plus porté sur le psychologique, que sur l'action. L'auteur s'immisce dans la tête des personnages et s'intéresse plus à leurs états d'âme qu'à mettre une intrigue palpitante en place. 

La chose à laquelle j'ai vraiment du mal à me faire, c'est la narration à la 3e personne. Le fait que l'histoire ne soit plus racontée par les yeux de Scarpetta me déroute totalement. Déjà que Scarpetta est une personne qui ne se livre pas beaucoup, là j'ai l'impression d'avoir une coquille vide: une personne imbu d'elle même, irascible. En un mot, je ne la reconnais plus. Marino est quasiment devenu une âme en peine qui traîne sa carcasse à côté du docteur (de plus, là, il m'a fait pitié avec l'aventure horrible qui lui arrive). En ce qui concerne Lucy et B., je ne les reconnais plus non plus. Lucy à l'air d'une machine, sans émotions, millionnaire: elle est devenue un personnage auquel on ne croit plus. C'est un personnage de fiction sans âme. Quant à B., il est quasiment absent du tome, enfermé dans un chalet à Aspen.
Cependant, la narration à la 3e personne se justifie dans ce tome, du fait que l'intrigue de Lucy est complètement déconnectée de celle de sa tante Kay. En ayant que le point de vue de Scarpetta, on perd toute cette intrigue là. 
Puis, cette narration me déstabilise, car Patricia Cornwell nous fait également entrer dans la tête du tueur. Bon, ce qui est une bonne chose, je vous l'accorde, mais quand celui ci est introduit dès les 20 premières pages (à moins que je sois trop futé pour avoir de suite deviné que ce personnage était impliqué dans les meurtres), l'intérêt perd de sa substance, à moins qu'on s'intéresse plus au pourquoi, qu'à savoir "Qui" a tué, transformant ainsi la trame en un épisode de "Columbo". 
Cela fut mon cas: en effet, cela n'a pas altérer mon intérêt. Au contraire, je voulais vraiment savoir pourquoi il en était arrivé là. Et j'ai été satisfait de ce point de vue là. 

Le fait que l'on retourne à Richmond m'a aussi fait plaisir: de voir ce qu'était devenu l'ancien laboratoire de médecine légale de Scarpetta a titiller ma curiosité. 
En revanche, j'ai encore une fois été déçu par la fin: celle ci est encore trop rapide et baclée. Patricia Cornwell sait mettre une intrigue complexe en place, mais ne sait pas la résoudre. Elle qui nous noie dans des détails, au début de son roman, elle  laisse tomber ces détails  lors de la résolution de l'enquête. La fin est alors trop rapide et le lecteur reste sur sa faim. C'est dommage. 

Au final, un tome beaucoup plus intéressant que le précédent, qui se laisse lire si on accepte les longues mises en place, mais qui a encore une fois une fin bâclée. Ce qui est fort dommage. 
Pourtant, je serai au rendez-vous l'année prochaine pour le prochain "Scarpetta". Oui, je persiste et signe. Je suis probablement maso. (Mais en même temps, en lisant un tome par an  en 4/5 jours, je ne perds pas trop de temps pour d'autres lectures) Puis, j'aime quand même retrouver Scarpetta chaque année. 

Patricia Cornwell: Signe Suspect, (Trace), Le Livre de Poche, 541 pages, 2005

 

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