jeudi 8 octobre 2015

Pastorale américaine

4e de couverture: Après trente-six ans, Zuckerman l'écrivain retrouve Seymour Levov dit «le Suédois», l'athlète fétiche de son lycée de Newark. Toujours aussi splendide, Levov l'invincible, le généreux, l'idole des années de guerre, le petit-fils d'immigrés juifs devenu un Américain plus vrai que nature.
Le Suédois a réussi sa vie, faisant prospérer la ganterie paternelle, épousant la très irlandaise Miss New Jersey 1949, régnant loin de la ville sur une vieille demeure de pierre encadrée d'érables centenaires : la pastorale américaine.
Mais la photo est incomplète, car, hors champ, il y a Merry, la fille rebelle. Et avec elle surgit dans cet enclos idyllique le spectre d'une autre Amérique, en pleine convulsion, celle des années soixante, de sainte Angela Davis, des rues de Newark à feu et à sang...

Philip Roth fait partie de ces grands auteurs américains (et new -yorkais) comme McInnerney ou McCann (même si lui est d'origine irlandaise) que j'avais envie de lire. 
Sauf que j'ai mis le temps pour sortir de ma PAL cette Pastorale américaine (merci la Book Jar car, sans elle, je pense que le livre aurait traîner encore quelques années dans ma bibliothèque sans être lu). 

Je ressors de ma lecture quelque peu mitigé. 
Déjà, le début du roman m'a un peu déstabilisé, pour ne pas dire ennuyé. Le narrateur Zuckermann, nous parle de Seymour Levov, surnommé "Le Suédois", à travers ses souvenirs à lui et ses retrouvailles avec le dit Seymour lors d'un dîner en 1995. Ouais, bof. Pas trop génial et tout simplement parce que l'auteur nous englue dans de nombreux détails que j'ai eu du mal à assimiler. 

En fait, le roman prend de l'intérêt à partir de la 2e partie (La chute), qui nous raconte le parcours de Merry, la fille de Seymour, jeune fille mal dans sa peau à cause d'un bégaiement qui la paralyse. On est alors plongé en plein dans les années 60, les émeutes raciales qui font rage, les manifestations et les attentats contre la guerre du Vietnam, Angela Davis et j'en passe (car je n'ai pas tout retenu). Cette partie là a été ma préférée du roman: l'auteur lance enfin son histoire (après avoir présenté les différents protagonistes dans une première partie trop longue à mon goût (163 pages tout de même)) et nous présente une Amérique en plein chaos et surtout deux visions opposées de cette Amérique: celle de Seymour, jeune juif, très apprécié au lycée pour ses qualités sportives et qui reprendra l'usine de tannerie familiale (c'est le rêve américain par excellence: la famille juive (mais qui aurait pu être d'une autre religion)  partie de rien et qui s'est forgée une place au soleil, à force de ténacité et de travail et qui a réussit) et celle de Merry, pleine de rébellion, en butte avec cette société et sa famille qui la dégoûte, et qui va aller jusqu'à commettre un attentat pour asseoir ses positions: après cet attentat contre la Poste de sa ville, elle va entrer dans la clandestinité, qui précipitera sa chute, ainsi que celle de sa famille. 

Par certains côtés, c'est un roman qui nous happe quand il parle de cette Amérique des Sixties, qui a connu des conflits intérieurs (les émeutes raciales) et extérieures (la guerre du Vietnam), de cette révolte qui bouillonne en Merry et que le lecteur peut essayer de comprendre, mais c'est également un roman qui nous ennuie par ses digressions. Car, voilà où le bât blesse ici: l'auteur n'arrête pas de changer d'histoire, dans un même chapitre (par exemple, il va passer de Seymour, qui recherche sa fille Merry et, paf, il nous parle de Dawn, la mère et de son parcours de Reine de beauté (Dawn a été élu Miss New Jersey 1949), comme ça, sans transition). Par ce procédé, j'ai été inondé de beaucoup trop d'informations qui m'ont perdu et bien souvent, ce procédé m'a lassé... Mais surtout, je n'ai pas compris pourquoi Philip Roth a eu besoin de ressortir Zuckerman (qui est l'un de ses héros réguliers) pour nous présenter Seymour Levov, alias "Le Suedois", véritable héros de ce roman. Surtout que Zuckerman n'apparaît plus après cette longue première partie. (C'est comme si Philip Roth avait besoin de Zuckerman pour trouver l'idée d'un roman (un peu comme Francis Veber et son "François Pignon", personnage apparaissant dans beaucoup de films du réalisateur (je sais que la comparaison est hasardeuse, mais cela m'a donné la même impression). C'est bien dommage, car cela peut être un frein pour la lecture de ce roman. Si on accroche pas à cette première partie, on peut être tenté d'abandonné. Heureusement que je me suis accroché, car le roman devient intéressant à partir de  sa 2e partie. 

Au final, un roman qui m'a laissé un sentiment mitigé. J'ai aimé redécouvrir cette Amérique des Sixties qui me fascine toujours autant, avec une vision de l'Amérique un peu égratignée et remise en question, mais ma lecture a été gênée par les digressions trop nombreuses de l'auteur, qui passe d'une histoire à l'autre, sans transition, dans un même chapitre, voire, paragraphe. Toutefois, pour ma culture littéraire personnelle, je suis ravi d'avoir découvert la "plume" de Philip Roth, même si le résultat n'est pas celui que j'escomptais. 

Philip Roth: Pastorale américaine (American Pastoral), (traduit par Josée Kamoun), Folio, 580 pages, 1999


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