vendredi 28 octobre 2016

Irena Sendlerowa: Juste parmi les nations

4e de couverture: « Il flottait une odeur d’encens et de cire dans la pièce. Derrière sœur Getter, un christ crucifié semblait attentif.
— Irena… Ce que vous me demandez là est incroyablement dangereux, car il ne s’agit pas uniquement de ma personne. Si la police découvrait que nous hébergeons des juifs, les conséquences seraient tragiques pour le couvent.
— Je comprends ma sœur, mais dans le cas de la petite Ania, qui pourrait savoir qu’elle est juive sinon vous et moi ? Elle…
— Bien entendu, interrompit la religieuse, mais en cas de contrôle, on me réclamera son acte de baptême et si demain vous récidiviez avec un enfant plus âgé, cet enfant s’exprimerait sans doute en yiddish. Ce ne serait plus seulement vous et moi qui connaîtrions ses origines, mais l’enfant lui-même ! Comment lui demander de se taire ? De ne pas se trahir ! Vous imaginez…
Irena hocha la tête. Que répondre ? »

À partir de 1942, au péril de sa vie, Irena Sendlerowa, employée au Comité d’Aide sociale de Varsovie, réussit à faire évader près de deux mille cinq cents enfants du ghetto juif, alors gardé jour et nuit par les soldats nazis. Rusant auprès des autorités, elle les fait passer par les caves ou par les canalisations, dans des boîtes en carton, des valises, des sacs à dos, des taies d’oreiller, sous des ordures et même, une nuit, dans une boîte à outils.
Irena Sendlerowa (1910-2008), résistante polonaise, a été déclarée « Juste parmi les nations » en 1965.

Irena Sendlerowa fait partie de ces femmes qui ont résistées contre l'injustice et la barbarie nazie. 

Avant de lire ce livre, je ne connaissais pas cette grande dame. Gilbert Sinoué la remet dans la lumière pour les lecteurs français et ce n'est que justice. 
La Seconde Guerre mondiale est un sujet passionnant et que j'ai beaucoup lu et vu. Tellement que j'essaie de me détacher des romans qui parlent de ce sujet. 
Ce qui m'a attiré vers ce livre, qui parle pourtant de cette période noire du XXe siècle, c'est pour la découverte d'une femme admirable, mais également pour son lieu: la Pologne. De ce point de vue là, j'ai été bien servi et j'ai grandement apprécié la découverte. 
Gilbert Sinoué nous immerge dans le ghetto de Varsovie, au plus près, comme si le lecteur s'y trouvait. On tremble pour tous ces gens, on a le coeur qui s'emballe, le souffle coupé. J'ai été admiratif du combat d'Irena et de son humilité. Elle explique à la jeune fille qui vient la voir en 2008, qu'elle se sent coupable...de ne pas en avoir sauvé plus. C'est là qu'on remarque les gens humbles et leur altruisme. Toute sa vie, Irena n'a pensé qu'aux autres et à permis, au péril de sa vie, de sauver des milliers d'enfants juifs. 

Il m'est difficile de trouver les mots pour parler de ce livre car il se ressent plus qu'il ne se lit. J'ai été en empathie avec Irena et j'ai aimé suivre son parcours. Gilbert Sinoué réussit pleinement à rendre son récit passionnant avec une langue simple, vivante,vibrante, qui va à l'essentiel. Varsovie nous ouvre les portes d'une histoire des plus sombres mais toujours rempli d'espoir. 
Il est cependant inconcevable qu'Irena soit restée dans l'ombre un long moment: les femmes ont également combattue durant la Seconde Guerre mondiale. Pourquoi l'histoire ne retient que les combattants de l'Ombre et laissent les Combattantes dans cette obscurité?. Elle sortie de cette ombre en 1999, grâce à des étudiantes d'une université du Kansas qui participaient à un concours d'histoire organisée par un lycée. Elles découvrirent l'existence d'Irena Sendlerowa, par hasard et décidèrent d'écrire une pièce de théâtre sur son combat qui s'intitule: La vie dans un bocal (référence au fait qu'Irena conservait la liste des noms des enfants qu'elle a sauvé dans un bocal posé sur un meuble de sa cuisine). 

Au final, un livre à lire absolument afin de découvrir une femme admirable, dont le parcours m'a ému aux larmes. 
Je lui laisserai le dernier mot: elle déclarait, dans une lettre, qu'elle écrivit en 2008: "J'appelle tous les gens de bonne volonté à l'amour, la tolérance et la paix, pas seulement en temps de guerre, mais aussi en temps de paix". (p.295)

Merci aux Editions Don Quichotte pour la découverte de ce parcours exceptionnel et à Gilbert Sinoué de l'avoir si bien retranscrit et remis en lumière.

Gilbert Sinoué: Irena Sendlerowa, Juste parmi les nations, Don Quichotte, 295 pages, 2016


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