lundi 5 février 2018

La nuit introuvable

4e de couverture: Nathan Weiss vient d’avoir quarante ans lorsqu’il reçoit un appel d’une inconnue : sa mère Marthe souhaite le revoir en urgence. Cette mère, voilà quatre ans, depuis le décès de son père, qu’il s’efforce de l’oublier. Ce n’est pas un hasard s’il s’est expatrié jusqu’en Slovénie.
Il va pourtant obéir et revenir à Paris. Sa mère a changé : elle est atteinte d’Alzheimer et ne le reconnaît presque plus. Nathan apprend alors que Marthe a confié huit lettres à sa voisine, avec pour instruction de les lui remettre selon un calendrier précis. Il se sent manipulé par ce jeu qui va toutefois l’intriguer dès l’ouverture de la première lettre.
Ces textes d’une mère à son fils, d’une poignante sincérité, vont éclairer Nathan sur la jeunesse de Marthe, sur le couple qu’elle formait avec son mari Jacques, la difficulté qu’elle avait à aimer ce fils envers qui elle était si froide. Tandis qu’il découvre ce testament familial, Nathan se débat avec ses amours impossibles, sa solitude, ses fuites. Et si la résolution de ses propres empêchements de vivre se trouvait dans les lettres que Marthe a semées pour tenter de réparer le passé ?
Dans ce premier roman, d’une écriture sensible et poétique, Gabrielle Tuloup décrit l’émouvant chassé-croisé de deux êtres qui tentent de se retrouver avant que la nuit recouvre leur mémoire.

Quelquefois, en commençant la lecture d'un livre, on sait,dès les premières phrases que celui ci ne nous laissera pas indifférent et qu'il laissera  une marque indélébile au fond de nous, pour longtemps. 
La nuit introuvable de Gabrielle Tuloup fait partie, pour moi de cette catégorie là. Sauf que je ne savais pas encore qu'il allait me toucher autant. 
Comme toutes mes lectures de ce début d'année, je suis entré dedans sans trop savoir dans quoi je m'embarquais et j'ai été happé, dès les premières lignes dans une histoire qui, progressivement allait bouleverser mon coeur. En fait, là, en tapant, ces lignes, je m'aperçois qu'il va m'être très difficile de parler de ce livre, de trouver les bons mots pour vous dire tout ce qu'il a fait vibrer en moi. 
Lu d'une traite comme en apnée, j'ai accompagné Nathan et Martha, un fils et sa mère, qui tente de se retrouver après une vie de silence et d'amour non avoué de la part d'une mère et de ce manque d'amour qu'à ressenti ce fils délaissé. 
Leurs deux voix vont se chevaucher afin d'ouvrir au lecteur leurs pensées, leurs doutes et leur peines. Par une pirouette du destin, Nathan reçoit un coup de fil d'une voisine de sa mère qui lui demande de revenir à Paris, pour lui rendre visite. Sa mère voudrait le voir pour lui donner huit lettres qu'elle a écrite avant que la maladie qui la ronge  à petit feu (L'Alzheimer) lui fasse perdre tous ses souvenirs. Sauf que ces lettres lui seront donné au compte goutte, lors de chacune de ces visites, espacés dans un temps précis. Ainsi, ce quarantenaire va renouer progressivement un dialogue avec cette mère qu'il a toujours trouvé froide à son égard. Sauf qu'au fil des lettres, Nathan (et le lecteur à travers lui) va comprendre d'où venait cette froideur. 
C'est un roman bouleversant, déchirant qui vous embarque pour un voyage pour lequel vous n'étiez pas préparé, je vous assure. Il vous emporte de la première à la dernière page sans que vous puissiez poser le livre une seule seconde. 
Il y avait longtemps qu'un roman ne m'avait pas fait pleurer autant (bon, le fait qu'il traite d'Alzheimer, une maladie qui me touche, n'y est pas pour rien, il est vrai), j'ai été parfois comme en apnée, le souffle court et la vue brouillée par les larmes...mais je ne pouvais pas m'arrêter de lire, devant tant de beauté. Et l'auteure n'a pas eu besoin de faire dans le pathos pour faire venir l'émotion. Non, c'est fait simplement, avec sensibilité et poésie. 
Gabrielle Tuloup prouve avec ce premier roman qu'elle a tout d'une grande auteure. Elle a su trouver la clé de mon coeur pour lui parler en douceur, avec tendresse, et ce, malgré la vie pas toujours très tendre de ces deux êtres qui essayent de se retrouver avant qu'il ne soit trop tard et que la nuit emporte la mémoire de Marthe au loin. 
Tout est réussi dans ce roman: l'histoire tenu sur un fil fragile jusqu'au bout, mais qui tient bon, les voix de ce fils et de cette mère qui prennent vie et forme devant nos yeux, avec des fulgurances de poésie dans l'écriture, tellement belle, qu'on a envie de les lire à voix haute; jusqu'à la fin, qui vous déchire le coeur et fait monter les larmes aux yeux. 
En refermant le livre, je n'ai pas pu atterrir tout de suite: j'étais comme sonné, pris d'une crise de larmes comme je n'en avais pas connu depuis longtemps. Et me demandant comment retranscrire ces émotions que l'auteure m'avait fait vivre avec des mots. J'espère les avoir trouvé afin de vous donner envie de découvrir ce roman. 

Au final, un premier roman déchirant, sur la recherche d'un lien familial entre un fils et une mère qui ne se sont jamais compris et qui essayent de se retrouver avant que la maladie emporte tout sur son passage. Ecrit d'une plume tendre, d'une finesse infinie et d'une sensibilité, qui ne plonge pas dans le pathos, on en ressort bouleversé mais conquis. En ayant l'impression qu'on a vécu un moment de grâce,et qu'on espère qu'il en restera une trace en nous à jamais. 

Merci  aux Editions Philippe Rey  pour ce joli moment de grâce.



Gabrielle Tuloup: La nuit introuvable, Philippe Rey, 152 pages, 2018


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